LES RISQUES DU LYMPHOME ANAPLASIQUE À GRANDES CELLULES ASSOCIÉ À UN IMPLANT

La RBSPS tient à préciser les risques du lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire (BIA-ALCL), une maladie relativement nouvelle, mais très rare…

COMMUNIQUE DE LA RBSPS (Belgian Royal Society of Plastic Surgery) :


Le lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire (BIA-ALCL) est un lymphome extrêmement rare qui peut apparaître autour des implants mammaires – et s’il est dépisté tôt, il est curable chez la plupart des patientes.

Le BIA-ALCL n’est pas à proprement parler un cancer du tissu du sein. Toutes les autorités gouvernementales et sociétés d’oncologie classent le BIA-ALCL comme un lymphome, un groupe de cancers du sang qui se développent à partir de lymphocytes (un type de globule blanc). Le BIA-ALCL est déjà connu depuis un certain temps (le premier cas étant recensé en 1997. Episodiquement le sujet est abordé dans les médias, souvent intéressés par la chirurgie plastique. La RBSPS souhaite prendre ses responsabilités et informer correctement les patientes sur le BIA-ALCL, comment le diagnostiquer et le traiter.

Le signe le plus fréquent de cette maladie est un sérome tardif (gonflement du sein) à l’intérieur de la capsule périprothétique. Le temps moyen jusqu’à l’apparition du premier symptôme peut être estimé à huit ans (extrêmes de 1 à 28 ans) par rapport au moment de l’insertion de l’implant mammaire. Le sérome tardif ne constitue toutefois pas un précurseur direct du BIA-ALCL, mais tous les séromes tardifs doivent être investigués en profondeur au moyen d’un examen cytologique par ponction à l’aiguille fine, avec un examen à l’aide d’un marqueur spécifique.
Le pronostic est généralement favorable pour une localisation dans le tissu péricapsulaire, et la plupart des patientes sont traitées par un simple retrait de l’implant et de la capsule. Dans une minorité des cas, la chimiothérapie ou la radiothérapie pourraient s’avérer nécessaires, mais ces traitements adjuvants ne s’indiquent alors que pour une maladie à un stade plus avancé, lié à un diagnostic tardif.

Les preuves concrètes provenant de publications scientifiques évaluées par les pairs ne permettent à ce jour pas d’établir la moindre association statistique significative entre le développement du BIA-ALCL et une quelconque caractéristique liée à un implant/patient/chirurgie. En 2017, la FDA a reçu un total de 359 rapports médicaux de BIA -ALCL : 231 de ces rapports comprenaient des informations concernant la surface de l’implant. Parmi ceux-ci, 203 concernaient des implants texturés et 28, des implants lisses. En outre, 312 des 359 cas contiennent des informations sur des implants remplis. Parmi ceux-ci, 186 concernaient des implants remplis de gel de silicone et 126 des implants remplis d’une solution saline. Les implants avaient été utilisés dans des chirurgies mammaires tant reconstructives qu’esthétiques.
La contamination bactériologique, l’inflammation à long terme, la texture de l’enveloppe de l’implant et les facteurs génétiques ont été théorisés et font l’objet d’études plus poussées en tant que causes possibles liées au BIA-ALCL. Les recherches sont en cours et des cas ont été analysés depuis des années. À l’instar d’autres cancers, la prédisposition génétique pourrait jouer un rôle. Les concentrations de cas rapportés varient fortement sur l’ensemble du globe, certaines zones géographiques faisant état d’un nombre très limité de cas.

En ce qui concerne l’incidence, seules des valeurs très peu affinées ont été estimées à ce jour. Certains auteurs ont estimé le risque à un cas sur 500.000 à 3 millions de femmes porteuses d’implants. D’autres ont évalué l’incidence aux États-Unis sur la base d’une étude de la littérature et de bases de données institutionnelles de cas de BIA-ALCL à 2,03 par million de personnes/années ; en décembre 2016, l’Australian Government’s Therapeutic Goods Administration a mentionné un taux d’incidence de l’ordre de 1 sur 1000 à 1 sur 10.000 pour les patientes porteuses d’implants texturés. Le taux d’incidence est le résultat de la division entre les nouveaux cas apparus pendant une période donnée et la population à risque durant la même période.

Jusque novembre 2017, sur une période de plus de 20 ans, environ 460 cas ont été rapportés dans le monde, qui comprennent 16 décès liés à la maladie. Bien que l’incidence soit donc extrêmement rare, la RBSPS est d’avis qu’en tant que médecins, nous devons considérer toute thérapie ou procédure susceptible de représenter un danger pour la patiente comme une préoccupation majeure et comme un élément dont les patientes doivent être informées avant de subir une chirurgie d’implant mammaire. Elles doivent être mises au courant de ce risque, des risques que pose la chirurgie proprement dite, ainsi que des éventuels coûts financiers supplémentaires.

Sur la base d’une analyse récente portant sur le risque relatif de décès, un risque de décès d’une femme est 2 fois plus élevé pour une journée de ski que pour une vie entière avec un implant mammaire texturé, 2,5 fois plus élevé pour la consommation de deux verres de vin que pour une vie entière avec un implant mammaire texturé et 40 fois plus élevé pour la conduite automobile pendant huit heures que pour une vie entière avec un implant mammaire texturé. Ces données n’ont pas pour vocation de minimiser le risque lié au BIA-ALCL, mais simplement de fournir une perspective aux patientes concernées.
 
Bien que le risque soit minime, la sécurité des patients est un objectif prioritaire dans nos sociétés, et nous mettons tout en oeuvre pour éduquer et informer nos membres et le public au sujet des symptômes et de tout risque de BIA-ALCL.
À notre connaissance, nous avons recensé quatre cas de BIA-ALCL et tous ces cas ont été diagnostiqués correctement et traités avec une issue favorable.

Sur la base de la littérature, la RBSPS est d’avis que les femmes asymptomatiques ne présentant pas de changements dans leurs seins ne requièrent rien d’autre qu’un suivi de routine. Si une patiente constate un changement dans ses seins – en particulier s’il y a un gonflement ou une tuméfaction – elle doit subir des examens et une imagerie appropriée, y compris par ultrasons, et une ponction à l’aiguille fine de tout liquide périprothétique.

Il est fondamental d’informer exhaustivement les patientes au sujet du BIA-ALCL au moment d’envisager une chirurgie d’implant mammaire, et il est raisonnable de mentionner le BIA-ALCL parmi les complications possibles de la mise en place d’implants mammaires, tant en chirurgie esthétique, qu’en chirurgie réparatrice après mastectomie.

Pour la Belgian Royal Society of Plastic Surgery (RBSPS)

SOURCE :

Pr Moustapha Hamdi
Président de la RBSPS

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